Dans son article de 2024, What is your company’s AI readiness quotient? (Quel est le degré de préparation de votre entreprise en ce qui concerne l’IA?), Scott Snyder, agrégé supérieur de la Wharton Business School, indique que 80 % des cadres prévoient que l’IA aura une incidence importante sur leur entreprise, mais que moins de 50 % estiment disposer des capacités appropriées pour tirer pleinement profit de l’IA.
Le potentiel de l’IA et ses répercussions sur les entreprises canadiennes sont considérables. ADP Canada s’engage à explorer l’incidence de l’IA sur les entreprises du Canada.
Le webinaire Réinventer le travail à l’ère de l’IA générative d’ADP Canada présente un groupe de dirigeants canadiens d’ADP qui traitent de la possible combinaison des ressources humaines et de l’IA afin d’améliorer les processus du monde professionnel et discutent des répercussions potentielles.
Les différents types d’IA
Dans le monde en évolution actuel, il existe trois types différents d’IA :
- IA prédictive : est axée sur la détection de tendances, l’établissement de prévisions, l’attribution de libellés ou le classement de données.
- IA générative : appuie la création de « nouveau » contenu (texte, images, audio, code machine, etc.) en fonction des données d’une base d’apprentissage.
- IA générale : IA capable d’apprendre pour accomplir une tâche intellectuelle que des êtres humains ou des animaux peuvent effectuer. Nous ne sommes pas encore rendus là, mais on prévoit que les modèles d’IA actuels pourraient nous y mener dans l’avenir.
L’IA et le monde du travail : IA prédictive et IA générative
L’IA est de plus en plus présente dans notre travail quotidien. L’IA prédictive, par exemple, utilise l’apprentissage automatique pour proposer le meilleur mot lors de la rédaction d’un courriel, suggérer des mots pour rendre l’objet d’un courriel plus attrayant et améliorer les taux d’ouverture. L’IA prédictive s’avère également utile en ce qui a trait à la prévision des taux de roulement de personnel, aux processus de recrutement, aux tâches administratives et aux agents conversationnels.
L’IA générative, quant à elle, peut servir à créer des demandes d’emploi, à déterminer les avantages sociaux et la rémunération des employés, à résumer des documents ou des appels, et même à générer du contenu. Il est important de ne pas oublier que l’aspect humain est essentiel dans le monde de l’IA au travail. L’objectif de l’intégration de l’IA devrait être d’augmenter la productivité, et non de remplacer entièrement l’activité humaine.
Iman Masud, conseiller de direction en RH chez ADP Canada, mentionne les conclusions du Boston Consulting Group (BCG), qui recommandent aux organisations de tenir compte du principe 10-20-70 lorsqu’elles mettent l’IA en place. BCG propose aux organisations de reconnaître que 10 % des efforts sont consacrés aux algorithmes, 20 % à la technologie et, par-dessus, tout, 70 % au personnel et aux processus.
« Nous sommes actuellement à l’aube de la sixième vague d’innovation selon la théorie des cycles d’innovation élaborée par l’économiste Joseph Schumpeter, déclare M. Masud. Alors que nous poursuivons la révolution, nous nous approchons rapidement d’une sixième vague, où l’IA sera courante, et la priorité deviendra l’expérience humaine et les solutions axées sur l’humain. »
Éléments d’éthique et de conformité à prendre en considération concernant l’IA
M. Masud explique qu’au fur et à mesure que l’IA évolue, il est important de déterminer de quelle façon l’organisation et les employés peuvent en tirer profit dans leurs activités quotidiennes. Il est tout aussi important d’établir des lignes directrices afin de s’assurer que les interactions avec les outils d’IA se déroulent dans un cadre sûr, avec des dispositifs de protection de la confidentialité robustes. L’éthique, ou le manque d’éthique, est un facteur important en ce qui concerne l’IA. Les organisations peuvent adopter certaines approches. Voici quelques exemples :
- Surveiller la saisie de données :
Tout algorithme peut apprendre des modèles erronés, alors il est important de s’assurer que l’IA utilise des données provenant de sources de grande qualité afin d’obtenir de meilleurs résultats.
Si l’on prend l’exemple du recrutement, on pourrait craindre que l’algorithme accorde la priorité à certains candidats au détriment d’autres parce qu’ils correspondent aux données source des modèles d’embauche précédents, et non parce qu’ils sont les plus qualifiés.
La surveillance par des employés des renseignements que l’algorithme utilise permet de s’assurer que celui-ci n’acquiert pas de biais. ADP utilise cette stratégie pour s’assurer que les outils d’IA utilisent des sources de données et des renseignements de grande qualité. - Vérifier le système :
Des vérifications mensuelles permettent de repérer rapidement les erreurs liées à l’IA, ce qui permet aux organisations de prendre les mesures nécessaires pour s’assurer de repérer les candidats les plus qualifiés dans le bassin de talents.
L’IA peut être considérée comme un conseiller, mais, au bout du compte, c’est l’humain qui doit prendre la décision. Voilà pourquoi il est important de mettre en place des politiques et des procédures claires axées sur le contrôle par une personne, et non par l’IA.
L’éthique constitue également un élément essentiel des plans de mise en place de l’IA, car elle reflète l’engagement d’une organisation à adopter des pratiques commerciales éthiques et facilite la conformité réglementaire.
La mise en œuvre d’une politique relative à l’IA pour assurer la mise en place de solides dispositifs de protection et la conformité des outils d’IA contribue à promouvoir une implantation et un usage sûrs de ces outils.
Législation en matière d’IA au Canada
La Loi sur l’intelligence artificielle et les données (LIAD) a été proposée en 2022 par le gouvernement fédéral. Elle vise à réglementer le commerce des systèmes d’IA et à offrir une protection contre les dangers potentiels en contrôlant l’utilisation de l’IA.
La LIAD est actuellement à l’étude, et des changements législatifs pourraient y être apportés. Afin d’être adoptée, elle doit faire l’objet d’une troisième lecture à la Chambre des communes.
Entre temps, Innovation, Sciences et Développement économique Canada (ISDE) a collaboré avec des parties prenantes afin d’élaborer un code de conduite volontaire relatif à la responsabilité et au développement de systèmes d’IA avancés que de nombreux professionnels de l’industrie ont signé depuis la fin de 2023.
« Alors que tout cela prend place, et même s’il n’y a pas encore de législation, il est fondamental pour les employeurs que l’utilisation de l’IA soit tout de même assujettie aux lois canadiennes », affirme Natalka Haras, conseillère juridique principale d’ADP Canada.
- Législation en matière de protection de la vie privée mettant en place des dispositifs de protection concernant l’usage de renseignements personnels par les entreprises
- Lois sur les droits de la personne concernant des caractéristiques personnelles, comme le genre, l’âge, le sexe, une invalidité et l’origine ethnique – semblables aux lois contre la discrimination aux États-Unis
- Lois relatives à la propriété intellectuelle concernant les secrets commerciaux et les droits d’auteur
« Il y aura des implications liées à l’IA. Vous ne voulez pas que vos employés saisissent des secrets commerciaux dans un outil d’IA non autorisé, a déclaré Mme Haras. Le principal élément à retenir est que les employeurs doivent vraiment songer aux cas d’utilisation de l’IA et collaborer avec la direction, les conseillers juridiques et l’équipe de la conformité afin d’assurer une utilisation légale et responsable de l’IA. »
Introduction de l’IA dans le lieu de travail
Selon M. Masud, l’introduction de l’IA dans un lieu de travail « doit commencer par de petites étapes, liées à une vision plus large. »
- Faites un projet pilote. Afin que l’humain reste la priorité, il est possible de créer un projet pilote lié aux objectifs à court et à long terme. Différentes perspectives permettent de déterminer l’incidence réelle des outils d’IA. Des mécanismes efficaces de suivi de la rétroaction peuvent aussi s’avérer avantageux.
- Créez une communauté d’intérêts au sein de laquelle les employés de tous les échelons et de différentes fonctions se sentent à l’aise de discuter de la vision stratégique de l’entreprise en matière d’IA, de leurs préoccupations et de leurs attentes. Vous pouvez même vous concentrer sur le recrutement d’employés qui s’intéressent à l’IA, car cela fait la promotion de l’engagement en matière d’IA.
- Communiquez efficacement. « La réussite de l’intégration de l’IA aux processus d’une organisation nécessite l’élaboration d’un plan de communication stratégique qui suscite de l’enthousiasme, mais qui donne lieu à des attentes réalistes », a déclaré M. Masud.
- Offrez de la formation. Comme le mentionne Helena Almeida, vice-présidente, avocate directrice chez ADP, « La formation des employés relativement à l’utilisation de l’IA et l’établissement de lignes directrices claires quant à l’usage de contenu généré par l’IA sont essentiels pour s’assurer que cette technologie est employée de la bonne façon et que les renseignements confidentiels de l’entreprise ne sont pas compromis. »